Mastiquer
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Mastiquer

La mastication pour le Larousse est « l’action de broyer des aliments à l’aide des dents, considérée comme la première étape de la digestion ». Pourtant d’une importance fondamentale, elle est bien trop souvent négligée. Dans de nombreuses situations, le naturopathe va proposer de bien mastiquer ses aliments. C’est le cas lorsqu’il y a des douleurs au niveau de l’estomac, des ballonnements à la suite des repas ou lors d’une fatigue postprandiale et même des problèmes de concentration…

La mastication est en effet la première étape de la digestion. Notre bouche est le premier contact des aliments avec notre corps. C’est au niveau buccal que la transformation des aliments commence. Nous sommes dotés d’une dentition qui fait partie intégrante de notre système digestif. Nos 32 dents vont nous permettre de couper, broyer les aliments, les malaxer et les insaliver avec notre langue, jusqu’à réduire notre bouchée en une bouillie homogène. Cette première étape est à la fois mécanique et chimique. Nous favorisons ainsi le contact entre les aliments et les enzymes digestifs contenus dans la salive.

C’est ainsi que la mastication va soulager les autres organes d’un surplus de travail :

  • Bien mastiquer permet de faire passer dans le tube digestif des aliments à la bonne température, celle qui favorise l’action des enzymes digestives.
  • En mâchant, nous réduisons la taille les aliments, facilitant le travail des enzymes. Celles présentent dans la salive assurent une prédigestion. L’estomac n’ayant pas de dents, si nous lui proposons des aliments non mâchés, il va devoir les dissoudre lui-même. Cette opération va lui demander beaucoup d’énergie pouvant entrainer une fatigue après le repas.
  • Par la suite, au niveau de l’intestin, nous devons préserver notre flore intestinale. Dans le cas où le tube digestif reçoit des aliments peu mâchés, il va apporter avec lui un trop grand nombre de nutriments en une seule fois. La flore alors trop nourrit, va produire des gaz, des ballonnements et des douleurs.
  • La mastication permet aussi  au cerveau d’analyser la situation pour préparer les autres organes du système digestif à l’arrivée du bol alimentaire, de produire les enzymes spécifiques à ce qui est avaler pour avoir une meilleur digestion.  

La mastication est un des facteurs qui va déclencher la satiété. Lors d’une expérience réalisée dans un laboratoire français, des volontaires ont mâchés longuement des aliments, sans les avaler. Tout ce qu’ils avaient mis en bouche a été recraché, ne consommant ainsi aucun aliment. Ces volontaires ont ensuite affirmés qu’ils n’avaient plus faim.

Ce phénomène de satiété se situe au niveau du cerveau. En effet, après 15 à 20 minutes de mastication, il libère un neurotransmetteurs « l’histamine ». Elle est responsable du message « arrêter de manger » « je n’ai plus faim ». Ainsi dans le contrôle de notre appétit, bien mastiquer est plus important que la quantité de nourriture consommée.

Différentes études ont établi aussi une corrélation entre la vitesse d’alimentation et le diabète de type 2. En effet la mastication joue un rôle sur l’indice glycémique des aliments. Dans le cas du riz, par exemple, mâcher suffisamment permettrait de limiter l’absorption de ses sucres.

Les aliments modernes ont souvent une structure molle et sont ainsi vite avalés. Le danger de ces produits alimentaires mous est qu’ils nous incitent à ne plus mastiquer. Il sont souvent ultra-transformés comme les pains de mie, les yaourts sucrés à boire, les mousses à tartiner… Or dans le cas où nous consommons des aliments ayant ces textures (molle ou semi-liquide), le laps de temps en bouche est plus court. Nous avons encore faim alors que notre estomac est déjà rempli. Notre cerveau n’a eu ni le temps d’être informé ni de produire de l’histamine. Ce type d’aliments ont souvent l’inconvénient d’être plus collants et d’adhérer aux dents. Ils favorisent alors la mise en place de caries.

En mâchant, nous faisons travailler nos mâchoires et donc les os qui soutiennent nos dents. Comme pour la marche où nous avançons avec le pied droit puis le pied gauche et ainsi de suite, il est aussi important de mastiquer tantôt d’un côté tantôt de l’autre !

Bien mastiquer c’est apprendre à manger en conscience, prendre le temps de gouter à ce que l’on mange, prendre plaisir à déguster ce qui entre dans la bouche. C’est se connecter à ses 5 sens.

L’ouïe qui est peut-être le mineur, reste présent pour les aliments croquants. Il intervient davantage en amont lors de la préparation, lorsque l’on entend le repas frémir, bouillir….

La vue par la couleurs et les formes des aliments mis dans notre assiettes.

Le toucher avec les lèvres et la langue pour prendre conscience si les aliments sont plutôt doux, râpeux, chauds ou froids…

L’odorat avec les odeurs qui nous parviennent directement, peuvent nous faire par avance, saliver.

Le goût, celui auquel nous pensons en premier et que la mastication soutient car elle permet de révéler les saveurs. A ce niveau, l’odorat a aussi une part importante. En effet la température de notre bouche ainsi que la salive favorisent le développement des arômes de nos mets. Si les récepteurs gustatifs ne peuvent que distinguer 5 gouts distincts, le nez ne connait pas de limite. Il est capable de distinguer entre 10 000 à 1 000 milliards d’odeurs différentes.

L’odorat qui intervient dans la dégustation au niveau buccale est l’olfaction rétro-nasale (par l’arrière de la bouche). Cela vient du fait que le nez et la bouche sont liés. Ainsi les molécules odorantes de notre alimentation entrent dans la bouche et lors de la mastication, sont libérées, remontent la cavité nasale où elles sont perçues par les récepteurs olfactifs. C’est ainsi que lorsque l’odorat et le goût interagissent, la saveur d’un plat émerge. Ceci est d’autant vrai que la mastication fût réalisée correctement dans la bouche.

Pour manger lentement, pour bien mastiquer, voici quelques conseils :

  • Se préparer au repas : créer autour de soi un cadre le moins anxiogène possible. Avec quelques respiration amples et calme, nous mettons en place une phase de transition avec notre activité précédente.
  • On évite de prendre ses repas devant les écrans de téléphone, d’ordinateur ou de télévision.
  •  S’assoir
  • Prendre des petites bouchées pour ne pas alourdir le travail de l’estomac et du tube digestif.

Bien sûr, la mastication ne fait pas de miracles et ne guérit pas toutes les maladies. Bien entendu, une alimentation saine et équilibrée est indispensable à une bonne santé, ainsi que les soins que nous apportons à notre dentition.